Le crime d’Onân

 

Tu peux donc te poser une question légitime : Es-tu un bien meuble ?

 

Deutéronome 25.5. Lorsque des frères habitent ensemble et que l’un d’eux meurt sans avoir de fils, la femme du défunt ne pourra pas appartenir au-dehors à un étranger ; son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme et remplira envers elle son devoir de beau-frère.

Même si cela reste en famille, cela ressemble à un mariage forcé. Cela s’appelle la loi du lévirat, qui s’applique encore de nos jours dans certaines communautés pour poursuivre une lignée, comme l'a montré Claude Lévi-Strauss[1] chez les indiens Tupi-Kawahib au Brésil, célèbres pour leur raffinement et leur haut degré de civilisation (ils pratiquent aussi la polyandrie fraternelle, la polygynie ou encore le prêt des femmes).

Si la veuve n’est pas au goût du beauf, l’héritage peut se révéler être un cadeau empoisonné :

Deutéronome 25.8. Les anciens de sa ville le feront appeler et lui parlerons. S’il persiste et dit : « Il ne me plaît pas de la prendre »,

9. sa belle-sœur s’avancera vers lui sous les yeux des anciens, lui ôtera sa sandale du pied, lui crachera au visage. […]

10. Et le nom dont on l’appellera en Israël sera : Maison du déchaussé.

Dieu aime les bonnes manières façon Nadine de Rothschild.

 

Cette mésaventure est arrivée à Onân, un homme ébranlé par la mort de son frère, qui se voit obligé d’épouser sa belle-sœur :

Genèse 38.6. Juda prit une femme pour Er, son premier-né ; elle s’appelait Tamar.

7. Er, le premier-né de Juda, déplut à Yahvé, et Yahvé le fit mourir.

8. Juda dit à Onân : « Va vers la femme de ton frère et remplis envers elle ton devoir de beau-frère : suscite une descendance à ton frère. »

9. Onân savait que la descendance ne serait pas à lui ; aussi, lorsqu’il allait vers la femme de son frère, il se souillait à terre, pour ne pas donner de descendance à son frère.

10. Ce qu’il faisait déplut à Yahvé, qui le fit mourir, lui aussi.

Répète plusieurs fois : le coïtus interruptus, c’est pêché, la semence, c’est sacré.

Ce passage justifie l’interdiction de la contraception par l’Eglise, ainsi que de l’onanisme. Peine de mort donc. La suite logique est l’interdiction de l’avortement, considéré comme un meurtre (ce qui n’empêche pas les intégristes d’être favorables à la peine de mort et d’aduler la guerre, c’est beaucoup plus sain), bien que la Bible n’évoque jamais explicitement ce sujet, sauf dans un verset expliquant qu’il est préférable d’avoir été avorté plutôt que de vivre malheureux, mais chut !

Ecclésiaste 6.3. Quelqu’un aurait-il engendré cent fils, et vivrait-il de nombreuses années, et les jours de ses années seraient-ils nombreux, si son âme ne se rassasie pas de bonheur et qu’il n’ait pas même de sépulture, je dis que l’avorton est plus heureux que lui.

Naître ou ne pas être ? Telle est la question. Dieu lui-même pratique l’avortement, que l’on appelle « fausse couche ». Faut-il le condamner à mort ? Finalement Juda, ses deux fils étant morts, tués par Dieu, s’assure lui-même une descendance en  couchant avec sa belle fille. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est Tamar elle-même qui a bien berné le vieillard, en se déguisant en prostituée et en proposant ses services en échange d’un chevreau (Ça fait cher la passe), ce qu’il s’est empressé d’accepter. Pour l’anecdote, l’un des descendants de cette union s’appelle Jésus, ce qui montre l’importance capitale de la loi du lévirat, sans elle, le Fils ne serait jamais descendu. D’ailleurs, lorsque des juifs Lui ont demandé son avis sur cette pratique, Il a dû botter en touche. Il faut dire qu’il s’agissait d’un cas extrême :

Luc 20.28. « Maître, Moïse a écrit pour nous : Si le frère de quelqu’un vient à mourir, ayant femme et qu’il soit sans enfant, il faut que son frère prenne la femme et suscite une descendance à son frère.

29. Il y avait donc sept frères. Et le premier, qui avait pris femme, mourut sans enfant ;

30. le second aussi ;

31. et le troisième prit la femme. De même aussi, les sept ne laissèrent pas d’enfants et moururent.

32. Finalement, la femme aussi mourut.

33. Eh bien ! Cette femme, à la résurrection, duquel d’entre eux va-t-elle devenir la femme ? Car les sept l’ont eue pour femme. »

Cruel dilemme. En vérité Il te le dit… Aucun. Un ange n’a tout simplement pas besoin d’une femme. Le pernicieux piège des juifs pour montrer l’absurdité de la résurrection à laquelle ils ne croient pas a échoué lamentablement. Si l’Eminent veut faire des lois différentes pour la terre et pour le ciel, c’est Son droit.

 

Avec Mahomet, Dieu rétrograde, les femmes sont attachées à leur dernier mari pour l’éternité. Le Coran est assez peu prolixe sur la contraception et l’avortement. Certains hadiths estiment que l’âme est insufflée au quatrième mois (l’embryon passe par quatre étapes : la semence, l’adhérence, le fœtus, l’insufflation de la vie), mais rares sont les écoles coraniques qui autorisent l’avortement.

 

Pour terminer, une autre forme de mariage forcée :

Deutéronome 22.28. Lorsqu’un homme rencontre une jeune fille vierge qui n’est pas fiancée, la prend de force et couche avec elle et qu’on les surprenne,

29. l’homme qui a couché avec elle donnera au père de la jeune fille cinquante sicles d’argent, et elle deviendra sa femme.

 

No comment.

 


[1] Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Pocket, 2001, p.424-427