Illuminé ou faux prophète ?

 

Les Livres sacrés annoncent l’arrivée d’un dernier messager pour purifier la planète (Grand Architecte n’est pas un geek, Il a du mal avec les nouvelles technologies), mais attention, ils avertissent aussi qu’il y aura des faux prophètes. Moïse donne une première explication :

Deutéronome 18.15. Yahvé, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères, un prophète comme moi : c’est lui que vous écouterez. […]

20. Quant au prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui ai pas demandé de dire, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra.

Des centaines de personnes ont prétendu être le messie. Le plus difficile est de savoir les reconnaître. Les asiles sont remplis d’illuminés ; des gourous cherchent à t’égarer car prophète est un métier rentable. En fait le faux prophète, c’est celui qui échoue à fonder une religion.

Qu’en est-il de Jésus et Mahomet, qui ont chacun des centaines de millions de fidèles ? « D’entre tes frères », un juif donc, cela semble évincer de facto le médinois, même si les musulmans prétendent le contraire.

Deutéronome 13.2. S’il surgit au milieu de toi un prophète ou un songeur de songes qui te propose un signe ou un prodige,

3. et qu’arrive le signe ou le prodige dont il t’a parlé en disant : « Allons à la suite d’autres dieux – des dieux que tu n’as pas connu – et servons les »,

4. tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur de songes.

Un passage qui n’aide pas, Jésus et Mahomet ayant accompli tous les deux de nombreux miracles.

Deutéronome 18.22. Quand le prophète aura parlé au nom de Yahvé, si ce qu’il dit n’a pas lieu et n’arrive pas, voilà la parole que Yahvé n’a pas dite.

Humm… On attend toujours la fin des temps annoncée par Jésus, qui devait être proche.

 

Heureusement les chrétiens apportent une technique imparable pour reconnaître un prophète :

Matthieu 7.15. « Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent vers vous vêtus en brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces.

16. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Est-ce qu’aux épines on récolte des raisins, ou aux chardons des figues ?

17. Ainsi, tout bon arbre fait de bons fruits, mais l’arbre pourri fait de mauvais fruits.

18. Un bon arbre peut ne porter de mauvais fruits, ni un arbre pourri porter de bons fruits.

19. Tout arbre qui ne fait pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.

20. Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.

Facile, n’est-ce pas ? Il ne te reste plus qu’à observer si le prophète sait bien jardiner.

 

Les juifs attendent toujours leur messie. Les prétendants se sont comptés par centaines et ils ont cru en tenir un valable au XVII° siècle en la personne de Sabbataï Tsevi. Une grande partie de la diaspora et même de nombreux rabbins en furent convaincus, d’autant que l’Apocalypse s’approchait, 1666… Gênés par la menace de troubles dans leur empire, les ottomans ont trouvé une solution efficace pour le démasquer ; ils l’ont arrêté et lui ont proposé un marché honnête, soit il se convertissait à l’Islam et ils l’épargnaient, soit il parvenait à détourner les flèches des archers et ils le croiraient. Le messie s’est converti[1].

 

Pour les chrétiens, Jésus est le messie, renié par son propre peuple, mais hélas il n’est toujours pas le dernier messager :

Jean 14.15. « Si vous m’aimez, vous garderez les commandements, les miens,

16. et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre « Paraclet », pour être avec vous à jamais. »

Le mot paraclet désigne celui qui console. Cependant le Christ précise qu’il ne s’agit pas d’un homme :

Jean 14.25. «  Je vous ai dit cela, quand je demeurais auprès de vous.

26. Mais le « Paraclet », l’Esprit, l’Esprit Saint, qu’enverra le Père en mon Nom, lui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit.

Jean 16.12. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter à présent.

13. Quand il viendra, celui-là, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité totale ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira ce qu’il entend, et il vous annoncera ce qui doit venir. »

Jésus ne nous a donc pas encore tout dit. Difficile de vivre totalement en symbiose avec l’Elevé s’il nous manque des pièces du puzzle.

 

Les chrétiens, comme les juifs, attendent donc encore. Et c’est là que Mahomet décide d’en remettre une couche. Il reconnaît Jésus comme prophète, mais rejette sa divinité, s’auto-congratule comme étant le plus grand et le dernier des prophètes, « le sceau des prophètes » :

Sourate 9.30.  Les Juifs disent : "Uzayr est fils d'Allah" et les Chrétiens disent: "Le Christ est fils d'Allah". Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu'Allah les anéantisse! Comment s'écartent-ils (de la vérité) ?

Sourate 61.6. Et quand Jésus fils de Marie dit : "Ô Enfants d'Israël, je suis vraiment le Messager d'Allah [envoyé] à vous, confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d'un Messager à venir après moi, dont le nom sera "Ahmad". Puis quand celui-ci vint à eux avec des preuves évidentes, ils dirent : "C'est là une magie manifeste".

Les musulmans attendent le Mahdi, « celui qui montre le chemin », qui doit venir à la fin des temps, et qui bien sûr doit être un membre de la famille de Mahomet. Décidément il place ses pions, genre népotisme. Bien évidemment, comme les faux messies, les faux mahdis ont été très nombreux. Il y en a même certains qui se prétendaient à la fois messie et mahdi, pas de discrimination.

 

Pour résumer :

*Les juifs attendent depuis des millénaires leur messie.

*Jésus dit qu’il est le messie, mais qu’il faut en attendre un autre, le Paraclet, avant qu’il ne revienne lui-même. Les chrétiens attendent depuis deux mille ans

*Mahomet dit aussi qu’il est le messager, mais qu’il faut attendre le Mahdi. Les musulmans attendent depuis plus de mille ans.

 

Des prophètes, des faux prophètes, des messies, un mahdi, un paraclet, difficile de s’y retrouver. D’ailleurs, personne ne s’y retrouve. Ne cherche pas trop à comprendre, cela fait partie du plan de Dieu. Hannah Arendt[2], précise que « le Chef a toujours raison dans ses actes, et puisque ceux-ci sont planifiés pour les siècles à venir, le jugement ultime sur ce qu’il fait échappe à l’expérience de ses contemporains ».

Ce qui laisse de la place pour créer de nouvelles religions.

 


[1]Christopher  Hitchens, Dieu n’est pas grand, Pocket, 2011, p.233-237

[2] Hannah Arendt, Le système totalitaire, Seuil, 2005, p.156